Étymologie et histoire de Saint Just

Saint-Just vient de saint Just, né à Auxerre et martyrisé dans le Beauvaisis.

Saint-Just est un démembrement de la paroisse primitive de Renac. En 1101, Alarac est le centre paroissial de Saint-Just. Il est situé près du village du “Châtaignier”. Alarac (ou Allérac) a été, semble-t-il, détaché au XIème siècle de la paroisse de Sixt et/ou Renac (Histoire de Bretagne par A. de la Borderie, II, p. 178).

D’après le Pouillé de Rennes, la paroisse actuelle de Saint-Just n’existait pas, semble-t-il, aux IXème, Xème et XIème siècles, car à cette époque les moulins du Canut ou du vieux bourg de Saint-Just étaient en Sixt, et le village de Teillac se trouvait en Pipriac (« In plebe que vocatur Siz locum molendini in Karnun. — Factum in plebe Prispiriac in loco nuncupante Taellac » (Cartulaire de l’abbaye de Redon, 321 et 99) ; — le chef de saint Just, martyr, qui a dû donner son nom à la paroisse, reposait, très-vénéré, dans une église de Sixt, et le Cartulaire de Redon, si riche en documents contemporains sur les paroisses voisines de Saint-Just, ne mentionne même pas cette dernière.

Mais en 1101 il existait une petite paroisse appelée Alarac ou Allérac, « plebicula que nuncupatur Alarac ». Cette paroisse avait été vraisemblablement formée en partie des terres offertes à saint Convoyon par la fille de Dorgen (nota : de 832 à 868, l’abbaye de Redon reçut de cette femme la moitié des terres d’Allérac, « medietatem randremes Alarac, excepto Rangol, et hœc nomina partium quas (dedit) : Ran Gradon, Ran Mesan, Ranuuicor, Camplath, Henterran, Uuoruueten, Rantrob, tigran Torithien, Ran Anaugen, Ranuuiuror, Ran Haelhocar, Ranbarbatil, tigran Bronsican, tigran Uurlouuen » – Cartulaire de l’abbaye de Redon, 24), par Urmoed (nota : celui-ci offrit en même temps que son fils Catwotal, à l’abbaye de Redon, vers 850, tout le tigran d’Allérac, « totam partem tigran Ran Alarac », avec ses habitants, nommés Tanéthan et Risconan, et toutes les terres en dépendant – Cartulaire de l’abbaye de Redon, 41) et par Cowalcar et Urvoid ; ces derniers donnèrent vers 860 à l’abbaye de Redon tout leur héritage à Allérac, sauf la moitié du tigran de Torithien, « totam hereditatem suam in Alarac excepto medietatem unius tigran Torithien » (Cartulaire de l’abbaye de Redon, 17).

En l’an 1101, un chevalier normand nommé Le Bastard, fils de Guéhénoc, « quidam miles Normandus Bastardus nomine, Guehenoci filius », se sépara, pour cause de parenté, de sa femme Odicie ; celle-ci se retira, avec le consentement de son mari, dans un monastère, où elle prit l’habit religieux. Quant au chevalier, il donna aux moines de Redon les dîmes et la chapelle de Berle, et le quart des dîmes d’Allérac ; l’abbaye de Redon possédait déjà un autre quart de ces dernières dîmes, que lui avaient données Deréan, son fils Even et le moine Robert (« Duas partes decime cum omni presbyterio de Capella que vocatur Berle… necnon quartam partem decime de Alarac nam aliam quartam a Dereano et ab ejus filio Eveno cum monacho nomine Roberto jam habebamus » (Cartulaire de l’abbaye de Redon, 321). Enfin, Le Bastard ajouta encore à ces dons celui d’une parcelle de terre au village de Bothavalon, en Sixt, et les moulins du Canut. Vers la même époque fut fondé le prieuré de Lohéac, membre de l’abbaye de Redon ; l’abbé Justin, voulant contribuer à cette bonne oeuvre, donna le 29 juin 1101 au prieur du nouveau monastère la petite paroisse d’Allérac, qui avait été concédée à son abbaye pour la nourriture des religieux (Cartulaire de l’abbaye de Redon, 320).

A défaut d’une paroisse de Saint-Just, nous trouvons donc existant tout au commencement du XIIème siècle une paroisse d’Allérac. Or, la tradition garde encore souvenir de cette dernière, puisqu’elle assure que l’église paroissiale primitive de la localité se trouvait au village du Châtaignier, non loin du château d’Allérac, subsistant toujours (nota : Allérac devint au moyen-âge une seigneurie relevant de Renac ; elle appartint successivement aux familles d’Allérac, Gallery, Brandin et Fournier). Il nous semble donc à peu près certain que la paroisse de Saint-Just, beaucoup moins grande à l’origine qu’elle n’est à présent, portait alors le nom d’Allérac. La tradition, qui a conservé souvenir de l’église paroissiale d’Allérac, mentionne aussi la présence des Bénédictins de Redon au vieux Saint-Just, près des moulins du Canut ; or, nous venons de voir ces moulins donnés par Normant Le Bastard à l’abbaye de Redon en 1101 ; ce fut, disent les anciens du pays, pour aller dans l’église conventuelle des bords du Canut qu’on abandonna celle d’Allérac.

Qu’on nous permette maintenant une hypothèse : les reliques de saint Just, « caput sancti Justi martyris et totœ ejus reliquiœ », reposant en 854 et 913 dans une église de Sixt (Cartulaire de l’abbaye de Redon, 37 et 222), et les moulins du Canut étant alors en Sixt, n’est-il pas probable que ces reliques donnèrent le nom du saint à l’église qui les renfermait, et que cette église se trouvait sur les bords du Canut ?. Il semble bien, il est vrai, que le chef de saint Just se trouvait au IXème siècle dans l’église paroissiale de Sixt, « Saucti Justi judicium… factum est hoc in ecclesia Siz », et c’était sur cette sainte relique qu’on prêtait serment dans les circonstances solennelles ; mais cela ne détruit point notre hypothèse, car d’un côté l’on ignore où se trouvait alors cette église de Sixt, et de l’autre les moines de Redon ayant perdu d’assez bonne heure leurs possessions de Sixt, purent fort bien transférer cette relique de l’église paroissiale de Sixt en celle qu’ils avaient sur les bords du Canut ?

Ce sanctuaire dut donc être la première église de Saint-Just, et par suite, lorsque l’église d’Allérac fut abandonnée, la paroisse prit naturellement le nom d’une église très-vénérée dans le pays et devenir alors la paroisse de Saint-Just ; en même temps aussi elle dut s’agrandir de tout le territoire voisin, appartenant à l’abbaye de Redon ; et c’est ainsi que Teillac, en Pipriac, et les moulins du Canut, en Sixt, propriétés des moines, devinrent parties intégrantes de la nouvelle paroisse. En résumé, la paroisse de Saint-Just, existant au XIème siècle sous le nom d’Allérac, n’a pris son nom actuel que plus tard. En 1459, l’abbé de Redon, rendant aveu au duc de Bretagne, mentionne encore les possessions de son abbaye à Saint-Just sous le titre de « Sainct-Just en la frairie d’Allérac » (Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 1 H, 2). Le recteur de Saint-Just, présenté dans les derniers siècles par l’ordinaire, dîmait à la trente-troisième gerbe, mais le baron de Renac levait la dixième. Ce recteur jouissait, en outre, du presbytère et d’un pourpris de peu d’importance, car il déclara en 1619 que son bénéfice valait à peine 200 livres (Pouillé historique de Vannes, 776. — Toutefois, cette déclaration ne parait pas exacte, car à la même époque certains recteurs de Saint-Just démissionnaires se réservaient une pension de 200 livres sur la cure).

Quand l’église d’Alarac (ou Allérac) tombe en ruines, le centre de la paroisse de Saint-Just est transféré au Vieux-Bourg, dans la chapelle d’un prieuré de l’Abbaye Saint-Sauveur de Redon, puis à l’endroit où est construite l’église actuelle entre 1848 et 1851. L’église du Vieux-Bourg prend alors le nom de Saint-Just à cause des reliques de ce saint qu’elle conserve. Le bourg de Saint-Just renfermait les ceps et collier des seigneurs de Renac. La paroisse de Saint-Just dépendait jadis de l’ancien évêché de Vannes.

  • La chapelle d’Allérac (XVIIème siècle). Elle se trouvait jadis dans le cimetière ;
  • La croix (XVIIIème siècle), située au bois d’Allérac ;
  • La croix Vieux-Bourg (XIXème siècle) ;
  • Le château (XIXème siècle) d’Allérac, édifié à l’emplacement de l’ancien manoir. Sa cour conserve une chapelle privée abandonnée et datée du XVIIème siècle. On y desservait au XVIIIème siècle une fondation de deux messes hebdomadaires faite par Françoise du Vergier, dame d’Allérac, mentionnée en 1588 et desservie à l’origine dans l’église paroissiale. Cette chapellenie, dite de Notre-Dame d’Allérac ou du Rocher, fut présentée en 1641 à Marin Brandin, chanoine de Rennes, par sa mère, Jeanne Pinczon, veuve d’Etienne Brandin et dame d’Allérac, pour remplacer Guillaume Botherel, décédé. Le chanoine Marin Brandin, devenu seigneur d’Allérac, mourut en ce manoir le 5 décembre 1678 ; son corps fut apporté à Rennes et inhumé en la cathédrale. En 1786, Joseph de Tanouarn épousa en cette chapelle Marie Fournier d’Allérac (Pouillé de Rennes) ;
  • L’ancienne chapelle Saint-Armel, aujourd’hui disparue. Saint-Armel était située proche de l’ancienne église de Saint-Just, dans le cimetière. En 1665, le seigneur d’Allérac prétendit qu’elle dépendait de sa seigneurie. On en voyait encore à la fin du XIXème siècle les fondations (Pouillé de Rennes) ;
  • Les vestiges de l’ancien château de la Vieille Cour. Il possédait autrefois une chapelle privée. On prétend qu’il était une des résidences de la duchesse Anne. Propriété de Damien Martel, baron de Renac en 1679 ;
  • Le château du Val (XIXème siècle), édifié à l’emplacement d’un ancien manoir, propriété successive des familles Peschart seigneurs de la Durantaye (au XVIIème siècle), Saoullaye (en 1734 et en 1789) et Poulpiquet du Halgouet. Il était jadis entouré de douves ;
  • Les longères (XVI-XIXème siècle), situées au lieu-dit Le Châtaignier ;
  • Le manoir de la Rohullaye ou Rohulais (XVI-XVIIIème siècle), situé au lieu-dit La Rohulais. Il possédait autrefois une chapelle privée où on fit un mariage en 1654. Propriété du seigneur du Ronceray, puis de la famille Guillo (en 1536) et de la famille Peschart (au XVII-XVIIIème siècle). Il est uni à la seigneurie du Val au XVIIIème siècle ;
  • L’ancien manoir de La Vallée (XVIIème siècle). Il subsiste un porche. Ce manoir était la propriété successive des familles du Perrier (avant 1628), Louvel seigneurs de Parsac (vers 1628 et en 1645), Fournier seigneurs de Cambaras (en 1698) ;
  • Le manoir d’Allérac (XVIIème siècle). Ce manoir est mentionné dès le XIème siècle sous le nom de Ran-Alarac. Propriété successive des familles du Verger (en 1536), Gallerie seigneurs du Bois-Jouan, Brandin, Fournier de Trélo (de 1621 jusqu’en 1786), Bastard de Villeneuve et Rotalier ;
  • L’ancien presbytère (XVII-XVIIIème siècle) ;
  • La maison de maître (XVI-XVIIème siècle) ;
  • La maison (XVII-XIIIème siècle), située au lieu-dit Sévéroué ;
  • La maison (XVIIème siècle), située au lieu-dit Camas ;
  • Le puits (XIX-XXème siècle), situé au lieu-dit Bénihel ;
  • 6 moulins dont les moulins à eau d’Abas, d’Ahaut, et les moulins à vent du Bot, de Cojoux (deux moulins), de la Jumelière ;